Arnold Schwarzenegger présente Total Recall, l'incroyable histoire de ma vie à Washington. Crédits photo : Abaca USA/Douliery Olivier/ABACA
NOUS L'AVONS LU - Total Recall, l'incroyable histoire de ma vie sort aujourd'hui aux Presses de la Cité. Au menu : le culturisme, Hollywood, la politique, quelques infidélités et beaucoup d'anecdotes.
Arnold Schwarzenegger passe sa vie au crible dans son autobiographieTotal Recall. Un pavé de 657 pages qui se lit comme un roman. L'ancien Monsieur Univers et gouverneur de la Californie se livre avec une franchise mêlée de fierté -celle du self made man qui a réussi à la force de ses muscles -, d'une certaine candeur et d'une bonne dose d'humour. Ce qui rend Terminator assez sympathique.
Infidélités
L'acteur n'élude rien de son parcours. Il évoque les moments douloureux comme sa séparation avec son épouse, Maria Shriver, la nièce de JFK. Un chapitre, «Le secret», est consacré à l'aveu de son infidélité. Dès le lendemain de la fin du mandat de gouverneur d'Arnold Schwarzenegger, Maria Shriver entraîne son mari chez leur conseiller conjugal. Schwarzenegger avoue, face au thérapeute et devant sa femme qu'il a eu en 1996, une liaison avec Mildred leur femme de ménage dont il a eu un enfant Joseph. «J'ai fait le con. Tu es l'épouse idéale», lui dit-il. Trop tard. Elle demandera le divorce à la suite du scandale en 2011.
«C'était arrivé alors que Maria et les enfants étaient en vacances et que je finissais le tournage de Batman et Robin, raconte l'acteur. Mildred travaillait chez nous depuis cinq ans, et on s'est soudain retrouvés seuls dans la chambre d'amis. Au mois d'août suivant, quand Mildred a accouché, elle a prénommé le bébé Joseph et déclaré que le père était son mari». C'est ce qu'Arnold Schwarzenegger a cru pendant des années, avant de voir des photos de Joseph. «La ressemblance était si flagrante que j'ai compris que c'était très certainement mon fils».
Le rêve américain
Il revient sur son enfance autrichienne de fils de gendarme élevé à la dure. Il est né une année de famine, en 1947, à Thal, petit village de montagne glacial. L'accès à la vie dont il rêve passe par la sculpture de son corps. Et il raconte avec un grand luxe de détails ses aventures de culturiste. Son ambition, dont il ne cache pas la démesure, est de devenir américain. Le culturisme le mène au cinéma. Après le catastrophique Hercule à New York, Stay Hungry et Pumping Iron le propulseront en haut de l'affiche.
En 1977, lors d'un déjeuner mondain avec diverses célébrités il rencontre Jackie Onassis avec laquelle il parle un quart d'heure. «Quand j'étais gamin, JFK était pour moi synonyme de l'Amérique, alors rencontrer Jackie, c'était comme un rêve», dit-il. C'est à ce moment que la politique commence à le passionner. Il va bientôt rentrer dans le clan Kennedy. Invité à participer au tournoi de tennis Robert F. Kennedy à Forrest Hill, il fait la connaissance de Maria Shriver. Et lorsqu'il rencontre Eunice Kennedy Shriver, sœur de JFK et mère de Maria, il lâche: «Vôtre fille a un cul splendide».
Les meilleurs feuilles de Total Recallsont là, lorsqu'il fait la découverte de Hyannis Port, le fief de la famille Kennedy. Il épouse Maria Shriver en 1986 malgré leurs opinions politiques diamétralement opposées. Lui est républicain, elle démocrate. «J'étais influencé par ma proximité avec les Shriver et les Kennedy, même si nous n'étions pas du même côté de la barrière».
De Terminator à Governator
En 1988, il soutient le vice-président George Bush lors de sa campagne présidentielle. Devenu président, George Bush n'oubliera pas leur conversation à bord d'Air Force Two et le nomme à la direction du Conseil présidentiel pour la forme physique et les sports. Pour la petite histoire c'est Eunice, sa belle-mère, qui a la fibre politique des Kennedy, qui lui indique la stratégie à suivre après l'annonce de sa nomination. «Il faut que je t'obtienne un rendez-vous avec le président dans le Bureau ovale, lui dit-t-elle. Puis une photo de la rencontre. Ensuite, je te ferai sortir de la Maison-Blanche aux côtés du président pour parler à la presse».
L'acteur est surnommé la «star de la forme». C'est Nixon qui dès 1991 lui conseille de se porter candidat au poste de gouverneur de la Californie. Lorsque son épouse Maria Shriver apprend sa candidature, elle éclate en sanglots. «On était ensemble depuis vingt-six ans, mariés depuis dix-sept, et je découvrais avec stupeur que son enfance de Kennedy l'avait ébranlée au plus profond». Elle lui donne finalement son feu vert. Il sera élu en 2003 et réelu en 2006. Terminator s'est métamorphosé en Governator.
«Mon but était d'être riche, et de le rester»
Le plus étonnant chez Schwarzenegger, c'est que ses héros ne sont ni des acteurs, ni des réalisateurs ou même des sportifs mais l'économiste Milton Friedman qu'il a rencontré à de nombreuses reprises. «Il a profondément influencé ma philosophie politique», dit-il à son sujet.
Arnold Schwarzenegger n'est jamais à cours d'anecdotes et de confidences. Et c'est le récit d'une rencontre épique avec Andy Warhol dans son studio de la Factory, la relation houleuse avec le producteur Dino De Laurentiis, la haine pour Stallone qui se transformera finalement en grande amité. Il évoque longuement la préparation de Conan le Barbare, réalisé par l'inénarrable John Milius, maître incontesté de la réplique macho. Il dévoile enfin les coulisses des tournages éprouvants de Terminator et de True Lies par le visionnaire et exigeant James Cameron ou de Total Recall de Paul Verhoeven.
Le Last Action Hero s'attarde aussi sur sa liaison avec Brigitte Nielsen pendant le tournage de Kalidor, la légende du talisman, alors qu'il est déjà en couple avec Maria Shriver. «Mon aventure avec Brigitte Nielsen n'a fait que souligner ce que je savais déjà: je voulais que Maria devienne ma femme». Pas vraiment gentleman, l'homme a des manières de panzer. Faire de l'argent est un des moteurs de son existence, c'est l'obsession du gamin qui a grandi dans la pauvreté. «Mon but était d'être riche, et de le rester», avoue-t-il. Fier d'avoir acquis un Boeing 747 à 150 millions de dollars. Et il étale sans complexe la somme de certains de ses cachets, passés de 750.000 dollars pour Terminator (1984) à 15 millions pour True Lies et à 35 millions de dollars pour Jumeaux. Son regard est implacable et lucide sur Hollywood. Après son opération à coeur ouvert en 1997, les portes des studios s'étaient fermés. Et les scénarios se sont faits rares au moment de l'affaire Mildred.
Le dernier chapitre de Total Recall est consacré aux «Règles d'Arnold». Des conseils pour réussir sa vie: «savoir se vendre», «ne pas trop réfléchir» «en avoir une bonne paire pour changer»… Comme le disait John Milius, le réalisateur de Conan le Barbare»: «si on n'avait pas Schwarzenegger, il faudrait l'inventer».
Par Emmanuèle Frois
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