CINEMA - Le nouveau cru de Gilles Legrand a du corps et du cœur...
Si le bon vin se bonifie en vieillissant, les rapports entre un père vigneron et le fils auquel il refuse de céder son domaine tournent au vinaigre. Tu seras mon fils de Gilles Legrand oppose Niels Arestrup, monolithe bourru, à Lorànt Deutsch, lutin écorché vif, en un duel ayant pour décor les vignobles de Saint-Emilion. Leur relation ne va pas s’améliorer quand débarque le fiston du régisseur, un petit gars « kinenveu » que le bon Niels se verrait bien adopter en lieu et place de son propre rejeton. Ce dernier prend aussi mal la chose que le papa du petit prodige et tout le monde de se déchirer avec un entrain évident.
Cette chronique solide constitue une bonne surprise de la part du réalisateur de Malabar Princess (2004) et de La Jeune Fille et les Loups (2007). Sa description du milieu viticole et des rapports entre père et fils ne révolutionne pas le cinéma, mais ce cru a du corps et du cœur. On pense à ces bons petits vins de pays qui râpent agréablement la langue sans donner de maux de tête. Le duo principal efficacement complété par Nicolas Bridet et Patrick Chesnais porte une intrigue taillée au cordeau. Il est impossible de ne pas avoir un faible pour Niels Arestrup dont le visage taillé dans la pierre reflète une dureté poignante. Sa force tranquille avait déjà fait des merveilles chez Jacques Audiard, lui permettant d’obtenir deux césars pour De battre mon cæur s’est arrêté (2006) et Un prophète (2010). Elle s’épanouit ici en un bouquet digne des grands cépages que son personnage aime davantage que son propre enfant.
La bande-annonce:
20 minutes
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