Le distributeur au Japon du dernier film de Clint Eastwood, Au-delà, a décidé de le déprogrammer des salles de cinéma en raison de la scène d'ouverture sur un tsunami. Les images sont trop douloureuses pour un pays qui compte encore ses morts.
Le cinéma se veut souvent "bigger than life", un monde artificiel où la réalité est romancée, mise en scène, pour plonger le spectateur dans une histoire qui n'est pas la sienne. Mais parfois le cinéma se cogne violemment à la réalité, avec ou contre son gré. C'est ce qui vient d'arriver au film Au-delà de Clint Eastwood. La scène d'ouverture voyait une journaliste française (Cécile de France) prise dans un tsunami qui dévastait tout sur son passage.
Il s'agissait d'une reconstitution du tsunami thaïlandais de 2004, mais, tragique coïncidence, un important séisme vient de provoquer une vague semblable et déjà fait des milliers de morts et de disparus au Japon, alors que le film tourne encore dans les salles nippones. La Warner a décidé de retirer ce film des salles qui le diffusaient, alors que l'exploitation devait durer encore quelques semaines. Un porte-parole a déclaré que les images n'étaient "pas appropriées", et on le comprend aisément.
On se rappelle qu'à cause du tragique 11 Septembre 2001, de nombreux films près de la projection avaient été décalés, voire refaits. Spider-Man avait par exemple gommé toute trace des deux tours plantées comme deux aiguilles en plein coeur des New-Yorkais. Les blessures sont profondes et la décision de la Warner de retirer Au-delà est respectueuse des nombreuses victimes qui jonchent les débris encore trempés. Le cinéma, comme tout art, a le droit, voire le devoir, de s'emparer des événements de la vie réelle, fussent-ils une catastrophe, mais ne peut se soustraire à une nécessaire période de deuil. Peu de médias ont la capacité de transporter leur public avec autant d'impact, les images traumatiques sont donc à manipuler avec précaution.
Nicolas Mignerey - mardi 15 mars 2011 à 12h14
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