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lundi 28 mars 2011

Chez Gino film héroïque

 Chez Gino, troisième long métrage de Samuel Benchetrit, marche sur les traces de la comédie italienne - mais aussi du polar scorsesien, du vrai-faux documentaire, du film-collage. Gonflé.


Chez Gino.



   « Je suis, disait il y a peu Samuel Benchetrit de passage à Strasbourg, dans l'adolescence du cinéma ». « Adolescence, définit pour sa part le Petit Robert : âge qui succède à l'enfance, immédiatement après la crise de la puberté ». En trois films (Janis et John, J'ai toujours rêvé d'être un gangster, Chez Gino) qui constituent en somme comme une étrange « trilogie cinéphilique », Benchetrit se sera donc posé avec armes, bagages et souvenirs, dans ce peu confortable intervalle : prétendant aux succès publics, mais bourrés de jokes plus ou moins private ; des comédies certes, mais saturées d'une mélancolie tendant parfois au cauchemar ; et jouant de ses ostensibles références sur le ton du dynamitage radical autant que de l'hommage transi. On ne fait pas, au cœur même du système de production, plus gonflé : ça passe ou ça casse ? 
 Globalement, ça passe - mais le boulet ne passe jamais bien loin. De Chez Gino le synopsis, c'est son grand charme, dit à peu près tout et n'importe quoi. Gino (José Garcia, simultanément très marrant et assez pathétique, avec des bouffées de folie) tient depuis trente ans à Bruxelles une pizzeria qui ne marche pas fort, file le parfait amour conjugal avec sa fort belle épouse (Anna Mouglalis, formidable sur un inattendu registre mi-burlesque, mi-expressionniste), gère aussi bien que possible, c'est-à-dire assez mal, ses rapports avec ses enfants adolescents. 

Ruptures de ton

      Quand lui est annoncée d'Italie la mort prochaine de son vieil oncle, mafieux milliardaire, une grosse part de l'héritage lui est dévolue - à charge pour lui de prouver qu'il est devenu, comme il l'a imprudemment laissé entendre, un redoutable parrain rackettant à son seul profit toutes les pizzerias de la ville. Moyennant quoi, il commande à un pauvre réalisateur de publicités locales (Benchetrit lui-même, jeu instable et physique flegmatique) flanqué d'une équipe technique notablement incompétente, un faux documentaire accréditant son statut de gangster de haut vol. D'où film dans le film (Sacha Baron Cohen ou Kevin Smith ne sont jamais bien loin), portraits affectifs de beaux bras cassés, mélange des genres et ruptures de ton. 
 Au centre de ce drôle de film de deuil, tout un pan de l'histoire du cinéma, du côté bien sûr de la comédie italienne des années 60/70 (c'est sa pulsion L'Argent de la vieille - Affreux, sales et méchants), avec des échappées vers le polar scorsesien, le drame intimiste à la Cassavetes (Ben Gazzara vient faire irruption dans l'affaire, avec des mines de vieux matou napolitain), le lyrisme visuel (magnifique image de Guillaume Schiffman, l'homme qui éclaira déjà Gainsbourg, vie héroïque), voire le surréalisme malade de John Woo période chinoise (dix ou douze cadavres en puissance dans une Rolls opératique, il ne manque que l'envol des colombes !) 
 Bien sûr, le tout manque cruellement de rythme, comme tout film-collage. Mais de ce défaut prétendument rédhibitoire quand on se mêle de comédie, Benchetrit fait un atout bizarre, chacun ici tendant à jouer très vite dans un film lui-même par instant considérablement ralenti. Objet Filmique Mal Identifiable, il n'est pas du tout certain que Chez Gino trouve son plus large public. Mais il est bien sûr, en revanche, que sa considérable prise de risque le rende à tous égards plus passionnant que les misérables comédies consensuelles dont est aujourd'hui fait le cinéma français dit, à si injuste titre, populaire.
J.M. DNA 

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