M Pokora tient sa revanche

L’ancien vainqueur de « Popstars », après une traversée du désert, a retrouvé le succès. Son nouvel album sort aujourd’hui alors que le nombre de ses fans explose sur les réseaux sociaux.

On choisit une impasse déserte pour la photo, en moins de deux minutes déboule une petite fille, un stylo à la main. Les fans de M Pokora sont comme ça, elles surgissent de partout. L’idole pop de 26 ans, qu’on disait balayée, savoure sa revanche : le public l’a élu meilleur chanteur deux années de suite aux NRJ Music Awards et il a gagné « Danse avec les stars » sur TF1. 

 

Sa reprise de « A nos actes manqués » de Jean-Jacques Goldman est l’un des tubes de 2011, il est le Français le plus suivi sur Twitter après David Guetta. Même la profession vient d’adouber celui qu’elle a longtemps regardé de haut : M Pokora fait partie depuis cette année des sacro-saints Enfoirés.
« C’est l’effet boule de neige, la plus belle période de ma carrière », sourit le chanteur, essoré par la promo intensive de son nouvel album, « A la poursuite du bonheur », qui sort aujourd’hui. Tous les médias le réclament. Ça n’a pas toujours été le cas : l’échec de son aventure américaine (« MP3 » en 2008) l’avait mis sur la touche. « Il a fallu être costaud mentalement », concède-t-il aujourd’hui. « Il s’est beaucoup remis en question », se souvient l’un de ses amis.
Découvert à 17 ans dans l’émission « Popstars » (2003), Matthieu Tota, de son vrai nom, a d’abord été le Justin Timberlake français, à coups de tubes R’n’B. Il négocie depuis deux ans un virage variété, comme en témoignent son single « Juste un instant » et les quinze titres de son album, qu’il a pour la plupart coécrits. Corneille et Soprano lui ont prêté main-forte. « Chez moi, j’écoute autant Coldplay que Jay-Z. J’aime la mentalité anglo-saxonne, où il n’y a pas de barrière. »
Son manageur, Thierry Saïd, a eu du nez en le poussant à accepter « Danse avec les stars », qu’il a gagné l’an dernier, avant Shy’m : « Il est entré chez les Français », résume son ami Roberto Ciurleo, ex-directeur des programmes de NRJ, qui faisait partie du jury de « Popstars ». « Il est unique dans le paysage musical français. Il peut faire une carrière à la Claude François, s’emballe-t-il. Il bosse énormément, j’ai rarement vu ça chez quelqu’un d’aussi jeune. »
L’intéressé confirme : « Le métier, c’est 85% de mon temps. Je garde 10% pour ma famille et mes amis. Il reste 5% pour moi! » Son temps libre, il le passe seul — « J’aime bien rester chez moi au calme » — ou avec sa « bande » avec qui il fait « des parties de console » ou regarde des matchs de foot : « J’ai une garde rapprochée d’une petite dizaine de personnes. » Parmi elles, ses danseurs, qu’il connaît depuis ses débuts, le footballeur Djibril Cissé — Matt est le parrain de son fils — ou le tennisman Gaël Monfils. La presse people lui prête des conquêtes — Shy’m justement, Alizée — mais il affirme n’avoir personne dans sa vie : « Je croise plein de jolies filles, je suis jeune, j’en profite! »
Bref, la vie « simple » d’un gamin fan de foot — supporteur de l’OM — et de jeux vidéo, qui a gardé les pieds sur terre. « C’est un vrai gentil, il est dans la vie comme sur scène », apprécie son producteur, Gilbert Coullier. Le « gamin » commence à grandir : lui qui ne s’intéressait pas à la politique suit de près la campagne présidentielle. « Je regarde les candidats à la télé. J’irai voter. Ça nous concerne tous. »
Même au creux de la vague, M Pokora a pu compter sur ses fans, qui ne l’ont jamais lâché (800000 « amis » sur Facebook). « Il est très proche de nous, constate Hélène, 22 ans, coresponsable du fan-club officiel. Il partage beaucoup de choses, mais on respecte sa vie privée. » Il tweete toute la journée pour ses 343000 abonnés, raconte où il est, ce qu’il fait, publie des photos.
Avoir des partenaires de poids, comme NRJ, TF1 et Gilbert Coullier, l’a aidé à rebondir. Son mental d’acier aussi : « J’ai fait du foot de haut niveau jusqu’à 16 ans, ça m’a donné une discipline. Le sport, c’est mon équilibre », explique le fils d’André Tota, ex-footballeur professionnel à Metz, Bordeaux ou Strasbourg. Il ne fume pas, ne boit pas, se couche tôt. « Son seul vice, c’est les tatouages! » plaisante Roberto Ciurleo. Il en est couvert, mais n’en fait plus depuis deux ans : « Je vais enlever ceux qui sont dans le cou. »
Le 3 mai, M Pokora attaquera une tournée de cinquante dates. Le Zénith de Paris (le 12 mai) est déjà complet, un Bercy vient d’être ajouté pour le 16 décembre. « Popstars » semble loin : « Quand je revois les images, j’ai l’impression de voir mon petit frère. » On l’accompagne jusqu’à sa prochaine interview : une nuée de jeunes filles l’attend, chacune ou presque aura sa photo et son bisou.