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mercredi 26 janvier 2011

Les Chemins de la liberté

LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 29/01/2011
3 S'il est un cinéaste que l'on peut qualifier de classique, c'est bien l'Australien Peter Weir. Son précédent film, Master and Commander, ressuscitait avec flamboyance le cinéma d'aventures maritimes à l'ancienne (façon Les Révoltés du Bounty). Sept ans plus tard - l'homme n'est pas pressé -, Les Chemins de la liberté évoque quelques grands titres d'antan : un peu du Pont de la rivière Kwaï, pour la description de conditions de détention inhumaines ; un peu de La Grande Evasion, pour le remède à la détention.
Le froid et la neige en plus. L'action se ­situe en 1940, en Sibérie, dans un goulag où sont rassemblés ennemis supposés du stalinisme (généralement très innocents) et prisonniers de droit commun (la plupart du temps très coupables). Parmi eux, quelques figures, à peine des personnages, que l'on peine à distinguer parmi les visages et les corps en souffrance : entre autres, un Américain égaré (Ed Harris), un officier polonais que son épouse a dénoncé sous la torture (l'Anglais Jim Sturgess), un voyou russe (Colin Farrell, à la fois cabotin et convaincant). Dommage que, par convention, le film adopte vite l'anglais comme langue commune...
Profitant d'un jour de tempête, cette petite bande hétérogène saute les barbelés, s'enfonce dans la forêt et marche. Film de cavale ? Sauf qu'aucune empathie n'est possible avec l'un ou l'autre des protagonistes. Pas de héros, c'est un groupe que l'on va suivre. L'indifférenciation des fuyards entraîne parfois une difficulté à savoir qui est qui. Et le temps du récit se dilate peu à peu, car l'épopée pédestre est sans fin. Première direction, la Mongolie. Scène magnifique et dérisoire où les hors-la-loi comprennent, à la simple vue d'un panneau frontalier, que les Mongols eux aussi ont prêté allégeance à l'URSS. Il faut fuir encore plus loin. Pourquoi pas jus­qu'en Inde ? Pourquoi, en effet, ne pas faire le tour du monde à pied, le mouvement comme gage de la liberté ?
Plus on avance, plus les péripéties sont minimales. Il faut d'abord trouver de la nourriture, échapper aux inconnus croisés en chemin. Puis il s'agit de survivre au désert, aux morsures du soleil. Tous n'y parviendront pas. Le périple s'éternise dans des paysages de folie, envoûte qui se laissera envoûter. À la manière moins d'une épopée à la David Lean que d'un film quasi expérimental : mise à l'épreuve extrême des corps et, aussi, pourrait-on dire, de l'attention du spectateur. Il s'agit d'illustrer cette idée, déjà présente dans Mosquito Coast ou Master and Commander : l'homme n'a de repos que s'il a con­quis son territoire, dominé la terre qui le porte. Un peu comme dans cette nouvelle de Borges où des cartographes ne sont satisfaits qu'après avoir établi la carte ultime, à l'échelle 1:1, qui recouvrira exactement le pays exploré...
Au goulag, un prisonnier se réfugiait dans ses souvenirs de L'Ile au trésor : et si cette quête n'était qu'un conte, une odyssée mentale (la véracité du livre qui a inspiré le film, A marche forcée, de Slavomir Rawicz, est contestée) ? Que le voyage soit onirique ou « réel », le spectateur patient est largement récompensé : l'épilogue, pardon d'Ulysse à Pénélope qui l'aurait trahi, est bouleversant.


Aurélien Ferenczi

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