Avec Donnant donnant, Isabelle Mergault retrouve son actrice fétiche Medeea Marinescuet signe le retour à la comédie de Daniel Auteuil. Mais à force de jouer la carte de la simplicité, la cinéaste perd le fil de son récit. Et nous avec.
C'est elle-même qui le confesse dans le dossier de presse.«Je ne me sens pas réalisatrice car je ne raisonne pas par l'image.» Le point fort d'Isabelle Mergault repose sur les sentiments. Et de sentiments, Donnant donnant n'en manque pas. Entre rires francs portés par le fort potentiel comique de Daniel Auteuil (souvenons-nous de ses folles années avec Les Sous-doués et T'empêches tout le monde de dormir) et désarroi provoqué par un scénario alambiqué, nous voilà transportés d'un état à un autre sans savoir vraiment où la réalisatrice souhaite nous mener. Dans sa direction d'acteurs pourtant, aucune faute de goût. Tous les personnages prennent vie dans ce joyeux bazar, entre la mère nymphomane et le coiffeur homosexuel de province, Isabelle Mergault prend bien soin d'accorder une place de choix à chacun de ses acteurs. Mais il reste difficile de faire une fiction sur des sentiments, aussi bons et romantiques soient-ils.
Après Je vous trouve très beau et Enfin veuve, Isabelle Mergault se constitue une filmographie jalonnée de petites gens et de grandes histoires. Donnant donnant ne déroge pas à la règle. Abracadabantesque cette histoire de Constant Billot (Daniel Auteuil) qui, sitôt évadé de prison, va accepter un marché avec la première villageoise trouvée sur une péniche (Medeea Marinescu) : Constant doit tuer Jeanne, sa mère adoptive, sinon elle le dénonce à la police ! Le reste de l'intrigue se contentera d'une histoire d'amour à l'eau de rose et de bons mots plus ou moins heureux («J'ai un gland, un super gland»). Car oui, on a omis de vous parler de l'essentiel : la comédie naît du problème d'élocution de Constant après avoir subi un accident vasculaire cérébral. Du coup, il se met à renverser les mots et parler comme un bègue. D'où les«Madrame» et compagnie. Et le tout est servi par une bande-son qui fleure bon la province :Demis Roussos, Diane Tell et accordéon...
Forte d'un capital sympathie sans faille auprès de son public, Isabelle Mergault joue la carte de la simplicité pour un troisième film qui aurait mérité une rigueur scénaristique exemplaire afin de donner un coup de fouet à ce qui pourrait ressembler à une mauvaise plaisanterie.
Par Laure Croiset (06/10/2010 à 10h12
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