Lady Gaga, que l'on voit ici à New York à l'occasion du lancement de son album, suit les pas de Madonna. On songe notamment à sa volonté de choquer, au contenu (bi)sexuel de certains textes et à son désir de réinventer son look.
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Nicolas Houle Le Soleil |
(Québec) Born This Way, le Gaga nouveau, est enfin arrivé. La surprise n'est pas complète : l'album s'était retrouvé dans le Web à quelques jours de sa sortie. Et la Lady avait déjà interprété des titres en concert, en plus d'avoir lancé des simples comme Judas ou la pièce-titre. Est-ce l'album de la décennie que promettait la diva? Non. Mais c'est du solide.
On le sait, Lady Gaga a un sens inné du marketing. L'Américaine aux racines italiennes a en effet le don de créer un vif intérêt autour de tout ce qu'elle fait. Cela dit, si sa musique ne valait pas le détour, ils ne seraient pas des millions de little monsters à la suivre dans Facebook, Twitter ou dans les salles de concert. Sous l'image, le tape-à-l'oeil et le souci d'être au goût du jour, il y a chez elle une véritable démarche artistique, qui contraste hautement, par exemple, avec Britney Spears, dont le récent album manquait cruellement de personnalité...
Gaga cosigne et coréalise les 14 chansons de Born This Way. Ce qu'elle a à offrir? Une pop efficace et grandiloquente, aux mélodies bien tournées et aux structures recherchées. L'emballage, doit-on préciser, ne se limite pas à la pop. Elle opte souvent pour une facture dance à l'européenne, sombre et synthétique.
Au hip-hop, Stefani Germanotta emprunte l'autoréférence : des «Gaga» peuvent être entendus dans Government Hooker et Bloody Mary. Mais c'est surtout aux années 80 que la chanteuse est redevable. Elle y a déniché des claviers rétro, une manière de servir les choeurs, des solos de sax ou même des power ballads. Chemin faisant, elle en profite pour faire des coups de chapeau à ses influences : Brian May, de Queen, vient livrer un solo sur Yoü and I, apportant avec lui un sample de la rythmique de We Will Rock You, tandis que Clarence Clemons (Bruce Springsteen) souffle dans son sax sur The Edge of Glory. Gaga se permet, enfin, quelques mots en espagnol, en français ou encore en allemand. Mondiale, la Lady.
Sur les traces de Madonna
Si elle a maintes influences, l'artiste, qui n'est âgée que de 25 ans, suit assurément les pas de Madonna. On songe à sa volonté de choquer, au contenu (bi)sexuel de certains textes, au désir de continuellement réinventer son look, à sa manière d'exploiter la thématique de la religion, à certaines envolées vocales, plus aiguës, doublées d'harmonies, et même à son intérêt pour le contenu à saveur latine. Sur ce dernier point, son Americano devient le pendant du La Isla Bonita de la Madone. Quant à Born This Way, les ressemblances avec Express Yourself sont évidentes. En dépit de tout ça, Lady Gaga parvient à assimiler suffisamment ses sources d'inspiration pour afficher une griffe personnelle. Ainsi, on y voit des références, et non du plagiat.
Plus que The Fame, son prédécesseur, Born This Way a suscité beaucoup d'attentes, alimentées, même, par la principale intéressée. Maints détracteurs tenteront sûrement de passer la vedette dans le tordeur. Or, Lady Gaga a de quoi se défendre : elle a fait un très bon boulot.
Non, l'album n'est pas parfait. C'est parfois trop touffu et quelques titres comme Scheibe ne représentent que peu d'intérêt. Il est vrai, par ailleurs, que Yoü and I et The Edge of Glory, aussi bonnes soient-elles, semblent issues d'une autre session de création et cadrent plus ou moins bien avec le reste du disque. Cela dit, les points positifs sont nettement majoritaires et les airs accrocheurs s'immisceront aisément dans maintes paires d'oreilles, qu'il s'agisse de Marry the Night, en ouverture, au volontairement provocateur Government Hooker, où Gaga invite John F. Kennedy à poser les mains sur elle, ou encore à Judas et à Bloody Mary, deux titres incendiaires, où elle évolue dans le territoire de la religion.
Bref, voilà de la pop qui a de la gueule. Et un album qui n'a pas fini de tourner.
***1/2 Lady Gaga, Born This Way, Universal
Gaga cosigne et coréalise les 14 chansons de Born This Way. Ce qu'elle a à offrir? Une pop efficace et grandiloquente, aux mélodies bien tournées et aux structures recherchées. L'emballage, doit-on préciser, ne se limite pas à la pop. Elle opte souvent pour une facture dance à l'européenne, sombre et synthétique.
Au hip-hop, Stefani Germanotta emprunte l'autoréférence : des «Gaga» peuvent être entendus dans Government Hooker et Bloody Mary. Mais c'est surtout aux années 80 que la chanteuse est redevable. Elle y a déniché des claviers rétro, une manière de servir les choeurs, des solos de sax ou même des power ballads. Chemin faisant, elle en profite pour faire des coups de chapeau à ses influences : Brian May, de Queen, vient livrer un solo sur Yoü and I, apportant avec lui un sample de la rythmique de We Will Rock You, tandis que Clarence Clemons (Bruce Springsteen) souffle dans son sax sur The Edge of Glory. Gaga se permet, enfin, quelques mots en espagnol, en français ou encore en allemand. Mondiale, la Lady.
Sur les traces de Madonna
Si elle a maintes influences, l'artiste, qui n'est âgée que de 25 ans, suit assurément les pas de Madonna. On songe à sa volonté de choquer, au contenu (bi)sexuel de certains textes, au désir de continuellement réinventer son look, à sa manière d'exploiter la thématique de la religion, à certaines envolées vocales, plus aiguës, doublées d'harmonies, et même à son intérêt pour le contenu à saveur latine. Sur ce dernier point, son Americano devient le pendant du La Isla Bonita de la Madone. Quant à Born This Way, les ressemblances avec Express Yourself sont évidentes. En dépit de tout ça, Lady Gaga parvient à assimiler suffisamment ses sources d'inspiration pour afficher une griffe personnelle. Ainsi, on y voit des références, et non du plagiat.
Plus que The Fame, son prédécesseur, Born This Way a suscité beaucoup d'attentes, alimentées, même, par la principale intéressée. Maints détracteurs tenteront sûrement de passer la vedette dans le tordeur. Or, Lady Gaga a de quoi se défendre : elle a fait un très bon boulot.
Non, l'album n'est pas parfait. C'est parfois trop touffu et quelques titres comme Scheibe ne représentent que peu d'intérêt. Il est vrai, par ailleurs, que Yoü and I et The Edge of Glory, aussi bonnes soient-elles, semblent issues d'une autre session de création et cadrent plus ou moins bien avec le reste du disque. Cela dit, les points positifs sont nettement majoritaires et les airs accrocheurs s'immisceront aisément dans maintes paires d'oreilles, qu'il s'agisse de Marry the Night, en ouverture, au volontairement provocateur Government Hooker, où Gaga invite John F. Kennedy à poser les mains sur elle, ou encore à Judas et à Bloody Mary, deux titres incendiaires, où elle évolue dans le territoire de la religion.
Bref, voilà de la pop qui a de la gueule. Et un album qui n'a pas fini de tourner.
***1/2 Lady Gaga, Born This Way, Universal
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